Se sentir prise au piège était, selon June, la chose la plus difficile à admettre. Elle ne savait plus tout simplement. Des sentiments contradictoire se mêlait à son coeur, tandis que sa raison lui criait de prendre des distances. Elle en avait besoin. C'était vitale. Les choses s'étaient beaucoup trop compliquées en l'espace de quelques semaines, qu'elle ne savait plus à quel moment précis tout avait dérapé. Si, elle le savait. Mais l'admettre n'était pas chose facile. Elle s'en voulait, plus qu'elle ne l'admettait. Jake restait tapis dans l'ombre, douleur du passé qui restait fraîche. Bien trop. Et puis Tommy. Elle était prise entre deux feux, ne sachant plus du tout quoi faire. Alors, comme toujours, elle prenait la fuite. Simple. Efficace. Mais pas sans conséquences. Elle avait besoin de temps pour réfléchir. Remettre de l'ordre dans sa vie. Se sentir libre de nouveau. Inspirant longuement, la jeune femme avait prit le chemin de la maison familiale. Une bonne discussion avec sa mère lui ferait le plus grand bien. Elle en avait besoin. Mais elle marchait à reculons. Sanders savait très bien que Tommy pouvait s'y trouver. Elle voulait le voir, certes, s'expliquer plus ouvertement que par texto, mais à la fois, elle voulait le fuir. Il faisait ressortir des choses qu'elle ne voulait pas admettre. Pas tout de suite. Pas comme ça. Elle n'était pas le genre de femme à passer d'un homme à l'autre. Elle se refusait de voir l'évidence de son échec. Pénétrant à pas de loup dans la demeure, elle ne se donna même pas la peine de frapper. Après tout, elle était chez elle aussi. La maison restait silencieuse et seul le bruit de ses talons résonnaient dans la pièce. « Maman ? » finit-elle par oser dire, non sans hausser le ton. Cherchant du regard et vagabondant dans les pièces, elle ne trouvait personne. Mais bordel, ils étaient où ? Elle fila à l'étage. Après tout, elle pouvait être dans sa chambre ou dans le bureau à faire je ne sais quoi. Elle passa une porte, puis deux et à la troisième, son coeur rata un battement. La porte ouverte, elle vit la silhouette de son ami. Une allure qu'elle ne connaissait que trop pour l'avoir contempler à maintes reprises. Pas un bruit, juste le son de sa respiration butant, tandis qu'elle faisait déjà marche arrière. Mais arrivée près de l'escalier, elle se stoppa net, fermant les yeux. Elle avait besoin de le voir. De lui parler et d'entendre sa voix. Son cœur prit la place de sa raison. Durant quelques secondes à peine ce qui la fait retourner sur ses pas. Et sans vraiment réfléchir à ce qu'elle faisait, June pénétra dans la chambre qu'occupait Tommy. Elle remarqua rapidement qu'une valise était posée sur le lit et qu'il y rangeait ses affaires. Elle fronça les sourcils, avant de lancer, presque muette. « Tu t'en vas ? » Son regard remonta vers celui de son ami, tandis que sa respiration ne se calmait pas. Elle le faisait fuir ?

Il avait le don de la mettre dans tous ses états, rien que par sa présence. Elle repensait au temps où tout était normal, où ils ne pouvaient pas se voir, enfin surtout elle et où les choses, bien évidemment étaient plus simples pour tout le monde. Pas mieux, mais plus simple. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait marche arrière et était revenue dans cette chambre. Rien qu'au premier mot prononcé, elle avait regretté. Après tout, c'était June qui avait décidé de mettre des distances entre eux et là, elle venait toute seule, sans qu'il ne demande rien. Elle se détestait. De lui faire du mal, mais de s'en faire aussi. Pourquoi au juste ? Parce qu'il lui manquait et s'était bien trop difficile à admettre, là tout de suite. Bien entendu, il devait s'en douter. Alors, lorsqu'il ne prit même pas la peine de relever son regard vers elle, Sanders fut quelque peu vexée mais après tout, elle l'avait cherché, n'est-ce pas. Le son de sa voix l'électrisa totalement, tout comme le don qu'il avait donné à sa réponse. Impersonnelle. Alors, il fuyait lui aussi. Il retournait à sa vie à New York. Bien loin d'elle, bien loin d'eux. Au final, June s'était toujours doutée qu'il allait repartir un jour. C'était inévitable. Elle le savait. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'elle en serait la cause, ou du moins, l'élément déclencheur. Nouvelle inspiration et elle baissa le regard vers ses pieds, honteuse encore une fois. C'était stupide, elle avait fait une connerie de revenir ici. Son coeur lui montrait bien en valsant dans sa poitrine. Douleur insupportable dont elle devait s’accommoder. « C'est à cause de moi ? » Question stupide. Elle connaissait la réponse, mais elle voulait en avoir le coeur net. Juste l'entendre de sa bouche, avec ses propres mots. « J'suis vraiment désolée Tommy. Mais mets toi à ma place ... » finit-elle par dire, se passant une main lasse dans sa chevelure brune. Merde. June se cherchait des excuses comme toujours, mais cette fois, elle savait qu'elles étaient justifiées. Finalement, au bout de quelques secondes, la jeune femme finit par reculer doucement, quittant la pièce dans le silence dont elle avait fait preuve pour y entrer. C'était trop. Elle ne pouvait pas supporter son regard, ni même ses mots. Elle aussi voulait fuir, rentrer chez elle, prendre sa vie en main et essayait de réparer ce qui pouvait encore l'être, régler ses histoires aussi.

Il y avait tellement de sentiments contradictoires qui pesaient sur son coeur qu'à l'instant même où elle avait vu cette valise, son regard, June avait eu besoin de prendre l'air. De respirer. C'était trop. Comme si sur cet instant même, la jeune femme s'était rendue compte combien il était vitale dans sa vie. Il était arrivé par hasard et avait rendu sa vie plus douce au moment où tout semblait ne plus avoir de sens, ni de goût. Au moment même où elle avait commencé à baisser les bras, se rendant à l'évidence que tout s'était écroulé autour d'elle. Il avait débarqué avec son sourire, sa belle tronche et ses mots et même si au départ, June n'avait pas pu le supporter, aujourd'hui, il était sa bouée de sauvetage. Elle qui était perdu dans un océan, ne trouvant pas la moindre terre à l'horizon. Seulement, avec le recul nécessaire, June s'était rendue compte qu'elle avait été égoïste. Envers elle, mais surtout envers lui. Une relation qui n'avait, au départ, eu aucune once de romantisme, aucune once de sentiments. Seulement, les choses avaient changé et la belle s'en était rendue compte trop tard. Elle n'avait pas le droit. Pas maintenant. Tiraillée entre son coeur et sa raison, elle n'avait pas su garder la tête froide, cédant à une pulsion qui était restée tapis dans son être depuis trop longtemps maintenant. Alors, sans un mot de plus, elle avait quitté la pièce, le coeur serré par la douleur de voir s'éloigner d'elle. Encore une fois, les gens l'a quitté. Mais sur le coup, Sanders n'arrivait pas à lui en vouloir. Il avait le droit lui aussi au bonheur et June n'était pas capable, pour le moment de lui offrir quoi que ce soit de plus qu'une simple amitié. Du moins, c'est ce qu'elle essayait de se convaincre. Parce qu'il y avait Jake, il y avait ce mariage et ce divorce. Les sentiments qu'elle éprouvait encore et toujours pour son mari. Oui, elle l'aimait encore, malgré la trahison. Il était une part entière d'elle même, tout comme Tommy. Elle ne voulait blesser aucun des deux. Elle voulait juste s'en aller. Seulement, elle n'avait fait que quelques pas lorsqu'elle sentit une main lui saisir le bras. Un léger frisson vint parcourir son échine, tandis que son coeur se mettait à battre un peu plus fort, un peu plus rapidement. Elle ferma les yeux, se pinçant la lèvre inférieure. Non Tommy, ne fais pas ça. « Hey, attends… » Son corps tourna malgré elle, vers lui, rouvrant les yeux pour contempler les siens. La sensation était à la fois délicieuse et déroutante. Elle faisait affreusement mal aussi. C'était la première fois de la journée qu'il avait posé son regard sur sa personne et encore une fois, son coeur rata un battement si bien qu'elle cru ne plus pouvoir tenir sur ses jambes tout à coup. Elle avala difficilement sa salive, n'osant rien dire. Il semblait tout aussi confus qu'elle. « Je… J’ai juste loué une maison… Pas super loin… » Un sentiment de soulagement se mit à envahir son être, tandis qu'elle n'arrivait pas à retenir un léger sourire. Il ne partait pas. Il ne la quittait pas. Il restait là, près d'elle, encore un moment. Mais June mettait des barrières. Encore et toujours, pour son bien, uniquement le sien. La belle baissa le regard vers ses pieds, tandis qu'elle détachait son bras de sa main douce. « Tu ne repars pas à New York ? » Inspirant légèrement, ce n'était pas vraiment une question. Pour tout dire, elle ne savait pas trop quoi ajouter de plus. Elle lui faisait du mal, autant qu'elle s'en faisait à elle même et Sanders refusait de blesser son ami une fois de plus. Une fois de plus, toujours lorsqu'elle était nerveuse, la belle se passa une main dans ses cheveux, entrouvrit la bouche plusieurs fois sans qu'aucun mot n'en sorte. Des questions lui brûlaient les lèvres mais elle ne savait pas si elle était en droit de les poser. Jusqu'à ce qu'enfin, au bout d'une minute interminable, elle n'ose en poser une. « Dis moi ce que je dois faire, parce que là … Là je ne sais plus. » Elle avait presque murmuré, tandis que de nouveau, son regard brin se posait sur lui. Son visage, sa bouche, ses yeux, son nez et son front atrocement trop grand pour son visage. Elle le trouvait encore plus mignon aujourd'hui qu'il ne l'avait jamais été. Sans s'en rendre compte, une larme venait de perler sa joue droite. Elle ne l'avait pas retenu, comme elle ne serait sans doute pas capable de le retenir lui.

Ce moment semblait suspendu dans le temps, comme s'il avait été attendu autant que redouter. June ne saurait vraiment expliquer tout ce qu'elle ressentait à cette seconde précise. Elle était confuse, totalement déroutée. Incapable de moindre geste, de la moindre parole ayant un sens quelconque. Elle se laissait porter, avec douceur, tandis que ses jambes lui criaient qu'il était temps qu'elle s'en aille. Il le fallait. Mais elle restait stoïque, incapable de bouger le pouce. Elle n'avait pas su non plus, retenir l'émotion qui se tapissait dans son être. June, elle n'était pas bonne dans l'art et la manière de faire semblant. Elle essayait pourtant, mais ça ne donnait jamais rien de bon. C'était une mauvaise menteuse de toute façon. Elle cherchait des réponses. Elle avait besoin qu'on l'aide à trouver son chemin. Toute seule, la belle n'était pas certaine d'y arriver. Alors, elle lui avait demandé quoi faire quoi dire. Comment se comporter. Tommy était venu poser sa main délicate sur sa joue humide et c'est à ce moment là que Sanders comprit qu'elle se mettait à pleurer. « Hey ne pleure pas… » Elle ferma les yeux à son contact, inspirant profondément, tandis qu'elle retenait celles qui auraient pu de nouveau perler sa peau. Il ne fallait pas qu'elle pleure. Pourquoi elle pleurait au juste ? Sa peau était douce contre la sienne. Ça lui faisait du bien. Il lui manquait atrocement. Et il la laissa là, sur sa joue rosie. Tendre souffrance qui faisait frémir son échine. Elle en profitait autant qu'elle haïssait cette main tentatrice sur elle. Elle attendait des réponses. Les siennes. Qu'il la guide sur un chemin sûr. Qu'il la relève, encore une fois. La dernière peut être. Elle en avait besoin. C'était presque vitale. « Fais juste… Ce qui te rend heureuse… Tu es belle quand tu es heureuse, June… » Un fin sourire étira son visage, tandis qu'elle ravalait encore ses larmes. « Et si moi, je peux te rendre heureuse, ma porte te sera toujours ouverte… » C'était comme si tout à coup une vent frais venait à sa rencontrer et lui donnait tout l'air dont elle avait besoin. C'était comme si la réponse était sous ses yeux, mais qu'elle ne voyait rien. Elle marchait dans le mauvais sens June. Elle savait plus comment se tenir droite, comment sourire de nouveau en étant sincère. Comment vivre, tout simplement. Elle avait perdu ce goût il y a bien longtemps. Bien avant la vision de Jake avec Liv. Bien avant les disputes et les larmes dans le noir. Elle l'avait perdu au moment même où sa vie s'était envolée dans son ventre. Elle était partit avec lui. Son bébé. Son fils. Un nouveau silence s'installa et doucement, June posa sa main sur celle de Tommy, celle qui était déjà posée sur sa joue, réconfortante et forte à la fois. Elle ferma doucement les yeux, essayant de se faire force et de trouver les réponses comme ça. Mais finalement, la belle fit taire son cerveau et toutes les pensées qui l'avaient traversé. Elle fit silence tout simplement, dans sa tête. Sans vraiment se rendre compte de ses gestes, elle se laissa porter par son envie. Rapprochant son petit corps de celui de Tommy, June fit deux pas vers lui et se mit sur la pointe des pieds, rapprochant son visage du sien. Elle entoura ses bras autour de son cou et finit par poser ses lèvres sur les siennes. Du moment où elle avait fait le vide dans son esprit et le moment où elle l'avait embrassé, seulement deux secondes s'étaient écoulées. Un baiser tendre et doux. Un baiser de réconfort, parce qu'elle en avait cruellement besoin. Qu'importe demain. Qu'importe ce qu'elle avait dit. Sur le moment, c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Elle finit par y mettre un plus d'intensité, allant même jusqu'à se coller à lui, tandis que ses mains descendaient déjà le long de sa chemise, se perdant dans le boutons.