Dans un premier temps, j’avais tellement été choqué de voir June sur le pas de ma porte que je n’avais pas fait attention à sa tenue. Mais une fois que je me décidai à lui porter attention, il ne me fallut pas beaucoup de temps pour reconnaître ce qu’elle portait, puis considérer l’ensemble en m’attardant sur les détails, venant provoquer chez moi un tourbillon d’émotions que je ne pensais plus jamais ressentir à présent. Quand je vis cette robe, mon coeur manqua un temps, puisque sitôt, je me rappelai de la dernière fois que je l’avais vue, lors de cette fameuse soirée où comme à mon habitude, j’étais allée la chercher sans lui dire où on allait, même si cette fois-là, je l’avais regretté, pour plusieurs raisons. Premièrement parce que j’avais jeté un froid, je m’en étais rendu compte mais après, parce que c’était compte tenu du fait que je m’en étais tenu à mon plan initial que tout avait, en mon sens, dérapé à partir de ce moment précis. Dérapé dans le sens où l’idée de sortir sans se casser la tête, passer du temps entre amis, était devenue trop complexe pour être envisageable. Et la suite nous avait conduit à ici, à ce moment où jamais je ne pensais la revoir, où elle se trouvait au pas de ma porte, sans que je ne sache pourquoi. Mais une chose était certaine, c’était que quelque chose avait inévitablement changé, et cela dépassait son physique. Parce que de ce côté, elle n’avait pas changé, dans le sens où elle était toujours aussi belle qu’avant, si ce n’était pas plus. Était-ce la coiffure qui lui donnait un air différent ? Alors que bien des hommes ne remarquaient pas ces détails - moi le premier en temps normal - là, je l’avais bien vu que sa coupe était plus courte et franchement, je devais admettre que cela lui faisait bien. Cela lui donnait un air plus jeune, plus innocent, plus léger, comme j’aimais la voir en temps normal; innocente, légère, à l’abri de tout tracas. Sauf que le visage encadré par ces cheveux bruns n’avait rien d’innocent et léger à ce moment précis. Sous son maquillage bien placé, juste parfait, je vis son air se décomposer, son regard céder à la panique et à la confusion. Puis, avant même que je puisse dire quoi que ce soit, avant même que je sois en mesure d’assimiler tout ce qu’elle avait déblatéré dans un court laps de temps, elle se déclara prête à tourner les talons et partir, prête à me planter là, sans explication, un paquet de questions à l’esprit et surtout, une totale incompréhension. Heureusement, certaines choses, certaines réactions, ne nécessitaient pas d’être réfléchies. Et là, la réaction que j’eus quand je me rendis compte qu’elle avait failli perdre pied, je ne l’avais pas réfléchie, et cela m’avait sauvé, au bout du compte. En effet, d’instinct, je m’étais approché en lâchant un « Hey, attends… » complètement instinctif tandis que je posais mes mains sur ses bras afin de m’assurer qu’elle ne tombe pas dans les quelques marches en pierre qui séparaient le porche de la chaussée piétonnière. Mes doigts arrivèrent en contact avec elle, le premier contact que nous échangions depuis ce baiser qui avait prit fin trop rapidement à mon goût. Légèrement troublé, il me fallut une seconde pour décider ce que je faisais, pour finalement prendre la décision de la relâcher doucement, sans toutefois me reculer ou quoi que ce soit, comme si je voulais lui faire comprendre que je ne voulais pas qu’elle ne profite pour s’enfuir de nouveau, en espérant qu’elle ne le fasse pas, bien évidemment. Mais sachant aussi que si jamais je restais silencieux trop longtemps, il était fort probable qu’elle ne trouve aucune raison d’attendre que je trouve quoi lui dire, je m’empressai de faire fi de tout ce à quoi j’avais songé précédemment, puis je lui dis: « Tu ne peux pas te présenter à ma porte pour me dire que tu passais que dire bonjour… La dernière fois que je t’ai vue, tu étais à San Diego et… » Tu étais sur le point de laisser ton mari revenir vivre chez toi, partager ton lit, partager ta vie, voilà comment j’aurais dû finir ma phrase, mais que je ne le fis pas. Je ne voulais pas raviver les tensions alors que je venais de la revoir et surtout, je ne voulais pas raviver mes propres blessures qui avaient mis beaucoup de temps et de travail à panser, littéralement. Personne ne le savait, parce que pour une fois, je n’avais pas eu le courage d’exposer ce que je ressentais, mais bien longtemps, surtout quand j’étais seul le soir, je pensais à elle. Je me demandais ce qu’elle faisait, si elle était vraiment heureuse. Depuis mon arrivée à Washington, je n’avais pas eu tant de conquêtes que cela, une ou deux, sans plus. Tous ceux qui me connaissaient prenaient pour acquis que c’était parce que le boulot, le fait de reprendre la compagnie de mon père et la modeler à ma main, mais c’était plus que ça. Travail ou pas, jamais je ne m’étais privé avant aujourd’hui de sortir. Si j’arrivais à deux heures du matin dans un bar alors que celui-ci fermait à trois heures, je trouvais quand même le moyen de m’y rendre et faire la fête. Sauf que là, je n’en avais pas envie, parce que je comparais chaque fille que je voyais à June, en venant constamment à la conclusion qu’il n’y en avait pas une qui lui ressemblait, qu’il n’y en avait pas une qui saurait lui arriver à la cheville. Peut-être qu’au final, ça avait eu du bon parce que cela m’avait donné un rythme de vie plus rangé, mais tout le temps, j’avais ressenti ce vide, que j’avais su combler qu’avec mon travail, même si cela était revenu à repousser le problème plutôt que de l’affronter, et là, tout de suite, il me retombait en plein visage, au moment où je m’y en attendais le moins. Alors je me disais que comprendre, c’était la moindre des choses. De ce fait, après avoir inspiré profondément, retrouvé un peu de contenance et de bon sens, je vins à demander de nouveau, plus calmement: « Que fais-tu ici ? À Washington ? » J’estimai que même si je n’avais rien apporté de nouveau à proprement parler, au moins, j’avais su lui poser la question de façon plus logique. Et je me disais qu’à partir de là, je saurais à quoi m’en tenir, je saurais quoi lui répondre, je saurais quoi penser à peu près, parce que pour le moment, je devais admettre que je n’avais aucune idée de quoi faire. Bon d’accord, il fallait dire que je n’y avais pas réfléchi plus que ça, mais rares étaient les fois où je m’étais senti confus à ce point, et cela me déplaisait grandement.
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every dead emotion inside me comes alive when you touch me and i don’t even know if you feel remotely close to what I feel. it’s terrifying. ≡ tommy and june
Sujet: Re: réponses read my mind. Mer 1 Fév - 16:17
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every dead emotion inside me comes alive when you touch me and i don’t even know if you feel remotely close to what I feel. it’s terrifying. ≡ sheri and june
Texte ici.
Dernière édition par SAY SOMETHING le Mer 1 Fév - 19:15, édité 2 fois
Sujet: Re: réponses read my mind. Mer 1 Fév - 16:17
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